
Voici un résumé qui décrit comment l’industrie touristique est passée d’un tourisme soi-disant “de masse” dans les années 50, à une industrie qui doit, aujourd’hui et en une seconde/un clic, proposer une offre aux trois milliards de personnes qui la consulteront le jour même en ligne et peuvent, si l’offre leur convient, la réserver et la payer. Les “masses ” des années 50 étaient quelques milliers, celles d’aujourd’hui représentent quelques milliards d’individus! L’activité culturelle, rappelons-le aussi, n’est que l’une des nombreuses activités des touristes et prend place dans ce nouvel écosystème. Pour les plus sensibles ou les plus romantiques d’entre-vous, il est cependant conseillé de ne pas lire la fin de cette belle histoire…
Après un rappel de la définition du tourisme par l’Organisation mondiale du tourisme : « un touriste est une personne qui séjourne plus de vingt-quatre heures en un lieu autre que son environnement habituel, et pour quelque raison que ce soit », le rapport trace les contours du tourisme : l’hôtellerie, l’hébergement marchand, la restauration et les transports; puis en liste les métiers -commerce, artisanat, culture et des loisirs, agriculture…- pour conclure avec cette évidence qu’il est bon de rappeler : « S’occuper de tourisme revient par ailleurs à préparer un territoire, une destination. Or, une destination touristique est un produit qui se « fabrique ».
Le Tourisme fut d’abord anglais et réservé à une élite aristocratique
Historiquement, le tourisme a d’abord été une pratique culturelle avant de devenir un phénomène de masse et de revêtir d’importants enjeux économiques. Le « Grand Tour » désignait au XVIIIe siècle le voyage initiatique d’un an, à travers l’Europe, des jeunes aristocrates britanniques.L’étape italienne et l’art classique étaient obligatoires et, à leur retour, les jeunes hivernaient sur la Côte d’Azur avant de passer les Alpes, créant, par exemple dans la région niçoise, une véritable colonie britannique et une nouvelle économie (Résidences, services, routes…dont la bien-nommée Promenade des Anglais). Ces jeunes voyageaient pour découvrir l’Europe mais aussi pour faire du lobbying auprès des grands de ce monde qu’ils rencontraient, tel était le double objectif du tourisme pour cette petite élite.
C’est Stendhal qui francisera officiellement le terme « Tourism » en 1838 dans ses Mémoires d’un touriste , livre de voyage où il décrit son voyage de plusieurs mois en France.
– Les Premiers voyages organisés, encore les anglais !
Le tourisme tel que nous le connaissons émerge au cœur du XIXe siècle . Dans les années 1840, Thomas Cook crée des voyages organisés sur le territoire britannique. Son activité se développe grâce à l’Exposition universelle de Londres, en 1851, premier événement à susciter d’importants mouvements de populations pacifiques. En 1855, il organise un premier circuit touristique à travers l’Europe et, en 1868, il lance les premiers coupons d’hôtel. Une première croisière sur le Nil est organisée l’année suivante. Enfin, en 1874, il crée le chèque voyage. À l’orée du XXe siècle, l’entreprise Thomas Cook & Son apparaît comme un leader mondial du tourisme. L’épitaphe de son fondateur, « He made travel easier », résume bien la visée d’un modèle appelé à faire date, celui des agences de voyages et des tour-opérateurs, qui permet d’assembler différents types de prestations et de confectionner un « produit touristique » commercialisable. L’existence d’intermédiaires est ainsi consubstantielle à l’économie touristique.
Premières stations balnéaires, thermales et de montagne : années 1850
Parallèlement, il s’agit d’aménager les lieux de séjour prêts à accueillir des touristes en nombre croissant. Dans les années 1730, le docteur Russell construit un établissement de bains à Brighton. Les médecins français reprennent l’idée un siècle plus tard en créant des stations balnéaires, telles qu’Arcachon, Deauville, La Baule ou Le Touquet, « ex nihilo » sur le littoral. On aménage également des stations thermales, tandis que le tourisme de montagne se développe à l’initiative de sociétés de commerçants et d’hôteliers, en vue de valoriser leurs vallées.
– 1889, Premier Office de Tourisme en France à Grenoble
Le premier syndicat d’initiative français est créé à Grenoble en 1889 et ce modèle se diffusera rapidement dans l’ensemble du pays. Un vaste mouvement associatif et mutualiste, incarné notamment par le Touring Club de France, fondé en 1890, conforte cette dynamique d’aménagement d’espaces de loisirs. La première structure à prendre la dénomination d’office de tourisme voit le jour en 1905 en Isère, à Saint-Pierre-de-Chartreuse. Reconnus d’utilité publique en 1921, les offices de tourisme et les syndicats d’initiative seront officiellement consacrés bien plus tard, par la loi du 10 juillet 1964.
– Au niveau national, la première administration du tourisme date de 1910, avec la création d’un Office national du tourisme, dont les compétences sont élargies par une loi du 24 septembre 1919, qui institue également un classement pour les communes touristiques. L’État commence véritablement à prendre conscience de l’intérêt de développer l’activité touristique pendant la période de l’entre-deux-guerres et plusieurs initiatives sont lancées : création du Crédit hôtelier, début de réglementation des professions, institution d’un commissariat général au tourisme. Mentionnons également les premiers congés payés. Mais c’est surtout dans la seconde moitié du XXe siècle que la puissance publique s’affirmera vraiment en la matière, engageant par ailleurs de grands plans d’aménagement au bénéfice de certains territoires.
– Après-Guerre : premier tourisme de masse
Révolution des transports, développement de l’automobile familiale, première Caravelle et congés payés ont, entre autres causes, permis le développement très rapide du tourisme pour tous et pas seulement d’une élite aristocratique et financière.
Dans un ouvrage paru en 1955 , l’académicien André Siegfried consacre un chapitre entier au “tourisme organisé, ce tourisme de série qui est devenu l’un des aspects les plus typiques de notre siècle […], fils de la vitesse et de la démocratie, qui s’intègre étroitement dans l’évolution industrielle, dont il a du reste exactement suivi les étapes ».Et de poursuivre son exposé : « Le développement du tourisme suit fidèlement celui de la société, dont il est en quelque sorte fonction. Il y avait d’abord eu un tourisme d’Ancien Régime, artisanal, aristocratique, personnel. Le nouveau tourisme est organisé, presque mécanisé, collectif et surtout démocratique. Le premier ne survit qu’à titre d’exception, comme un luxe, presque comme une curiosité. C’est le second qui est devenu la règle, associé à une conception, à une doctrine du loisir, dont on a fait une fonction sociale, organisée et réglementée. Il est du reste logique qu’à l’âge de la production et de la consommation de masse corresponde un tourisme de masse ».
– En 1955, la France accueille moins de vingt millions de visiteurs internationaux (82 Millions aujourd’hui, ndlr). La troisième semaine de congés payés ne sera accordée aux travailleurs que l’année suivante. La Caravelle prend à peine son envol, tandis que la naissance de la classe « touriste » (1952) et du vol « charter » (1954) donnent le signal d’une lente démocratisation du voyage aérien, qui s’affirmera progressivement comme une porte d’entrée essentielle du tourisme international.
– Les années 70 et les premiers systèmes de réservation à distance
Les premiers systèmes centralisés de réservation, ou GDS (Global Distribution System), sont créés dans les années soixante et 70 pour gérer en temps réel l’état des stocks dans le transport collectif. Ces systèmes informatisés, à l’origine dédiés aux compagnies aériennes, s’étendront ensuite à l’ensemble du domaine du voyage (agences de voyages, hôtels, sociétés de transports) et permettront aux professionnels du tourisme d’opérer des réservations à distance. Ils sont en quelque sorte les premiers services de commerce électronique à grande échelle, quand bien même le consommateur final n’y a pas directement accès.
– Les guides de voyages sont apparus dès le XIXe siècle – guides Baedeker en Allemagne, guides Murray en Angleterre, guides Joanne en France, devenus par la suite Guides bleus. Ces acteurs essentiels de la diffusion de l’information touristique ont su adapter leurs contenus aux comportements touristiques. Le développement de l’automobile incite, par exemple, l’entreprise Michelin à devenir éditeur de cartes et de guides, en particulier du fameux Guide vert, lancé après la première guerre mondiale. À quelques décennies de distance, on retrouve le même souci de « coller » aux nouveaux comportements avec le lancement, dans les années 1970 du Guide du routard ou du Lonely Planet, tant et si bien que le terme « routard » finit lui-même par désigner une catégorie générique de touristes.
Comme l’écrit encore André Siegfried, « la généralisation des voyages, des déplacements de vacances, des excursions collectives, des croisières n’a pas seulement changé les mœurs, elle a modifié les conditions des échanges. On peut dire que le tourisme est devenu, parmi les “exportations invisibles”, l’une des plus importantes, car le touriste étranger apporte avec lui comme une manne ou plutôt, à la façon des alluvions du Nil, un appoint extraordinaire de richesse ».
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